En honneur d’un prochain jubilé
Ma tante Christine Rubbens, mieux connue dans la famille sous
le nom de tante Crico, petite sœur de ma mère, fêtera bientôt son centenaire.
C’est la dernière survivante de la génération de mes parents, et je voudrais
dédicacer ce récit en son honneur. Comme elle a bonne mémoire et bon cœur, elle
corrigera ou pardonnera mes oublis et mes erreurs.
et en guise d’apéritif
A quoi nous sert de revivre le passé ?
L’eau a coulée sous les ponts, les vieux souvenirs n’intéressent pas grand
monde. C’est une manie de vieillards de parler du bon vieux temps – les temps
passés étaient toujours meilleurs, d’ailleurs.
Je trouve pourtant quelques bonnes raisons pour
vous proposer cette histoire. En dehors de la phrase classique et usée «il faut
étudier l’histoire pour ne pas la répéter », on peut dire aussi exactement
le contraire : « Souvenons-nous des bons moments pour les répéter le
plus souvent possible ». Songez à un beau voyage, un bon repas partagé
avec des amis, un film aimé… Pour d'autres choses il vaut mieux oublier évidemment,
si elles étaient désagréables et surtout si elles nous font un petit peu honte.
Une autre bonne raison à mon avis est le droit
universel à la protestation. Des mensonges ont circulé, des abus ont été commis,
et sur notre petit globe tant de choses affreuses se passent tous les jours. On
n’y peut rien (sauf parfois partager une signature pour une campagne d’Avaaz). Mais
il me semble que protester, même si le plus souvent ça ne sert pas à grand-chose, console
un petit peu, et permet de passer ensuite à autre chose. Du moins quelqu’un
saura ce que j’en pense.
La meilleure raison de toutes est, je crois, de
se souvenir des personnes que nous avons connues, aimées et dont la trace s’est
presque perdue. Je vous donne juste deux exemples. Mon oncle Antoine Rubbens,
frère de ma mère, qui a tant fait pour donner un coup de pouce à la jeune
République Indépendante du Congo dans les années 1960, n’a laissé son nom nulle
part, même pas dans wikipedia. C’est vrai que le résultat n’est pas du tout ce
qu’il aurait voulu, mais ce n’est pas sa faute à lui.
Mon autre oncle, Jacques Belpaire, le plus
jeune frère de mon père, avait obtenu une certaine renommée comme artiste
peintre en Belgique. Les tableaux qui n’ont pas été distribués à ses neveux
sont entreposés dans la cave d’un petit musée provincial, et si je cherche son
nom parmi les marchands de tableaux en ligne, les résultats son presque
inexistants.
Cinquante ans sont passés, ce n’est pas en
vain… Comme vous voyez, j’ai donc mes héros personnels. Chacun aura les siens. Les
sortir un moment de l’oubli me fait plaisir. Mais bien évidemment, c’est moi
l’héroïne principale de cette histoire, histoire qui raconte comment une petite
fille belge de bonne famille est allée se retrouver en Bolivie, de l’autre côté
de la lune, pour y établir sa famille et suivre, avec un succès du moins temporaire,
sa carrière de biologiste écolo.
Je dois vous dire que ma mémoire fonctionne en images et que, malgré les bons conseils de « The Complete Idiot’s Guide for Writing a Memoir » de les inclure, je
me souviens de très peu de dialogues et encore moins de discours.
C’est pour cette raison que j’ai travaillé à
partir d’illustrations, pour essayer de récréer des endroits et des atmosphères
tels que je m’en souviens. J’ai mélangé collages et photoshopping pour obtenir
une certaine vision, évidemment subjective, et telle que je puisse la
représenter. Les matériaux dont je pouvais disposer ont évidemment joué un
rôle. J’ai eu la chance de retrouver quelques vieilles photos qui n’avaient pas
besoin d’embellissement. Une exception cependant : la vieille quincaillerie
de mon grand-père est en fait une photo trouvée sur internet et sur laquelle
j’ai changé le nom du propriétaire, parce qu’elle représentait exactement ce
que je cherchais. Dans les autres cas, les coutures sont assez visibles pour ne
tromper personne.
Il fallait évidemment des textes pour relier
ces images et leur donner une forme de récit, mais ces textes ont été réduits
au minimum indispensable. Je ne suis pas très bavarde, ce qui se reflète sans
doute dans l’écriture. Si vous voulez en savoir plus sur l’un ou l’autre sujet,
trop résumé, ou – encore mieux – si vous voulez ajouter votre version personnelle
des choses, ajoutez un commentaire. Ils
seront tous très bienvenus.
Bon début... C'est à suivre !
RépondreSupprimerTiennot